Les 5 coups de cœur de Réal Bélanger,
ancien directeur général adjoint

 

Marie-Anne Barbel (Fornel) de Dale Miquelon. Malgré les limites qu’imposent les sources disponibles, cette brève biographie révèle le rôle des femmes dans la classe commerçante en Nouvelle-France. Jusqu’au décès de son mari, Louis Fornel, marchand et entrepreneur, elle tint maison et s’occupa surtout de ses 13 enfants tout en s’intéressant aux affaires de son mari. En 1745, elle assuma pleinement les affaires de son mari décédé. Avec perspicacité, elle les diversifia et les fit progresser. La conquête anglaise la freina dans ses élans. Endettée, elle chercha alors à consolider ce qui lui restait de ses biens.

 
 

 

Louis-François Laflèche de Nive Voisine. Prêtre catholique, professeur, auteur, évêque de Trois-Rivières, Mgr Laflèche demeure « l’une des figures les plus importantes de la seconde moitié du xixe siècle au Canada français ». Son parcours le conduisit à participer aux grands débats d’idées, à la fois religieux, politiques et sociaux de son époque, qu’il marqua de sa forte personnalité. Ultramontain intransigeant, féroce adversaire de tout libéralisme, ses combats lui créèrent des ennuis jusqu’au sein même de l’aile ultramontaine québécoise et du Vatican à la défense desquels, pourtant, il consacra toujours ses meilleures énergies.

 
 

 

Félicité Angers, dite Laure Conan de Manon Brunet. Captivante, cette biographie montre avec nuance et force détails le chemin parcouru par celle qui deviendrait la « première femme de lettres de carrière au Canada français ». Romancière, biographe, journaliste et dramaturge, cette femme de conviction à la personnalité complexe, au parcours atypique pour l’époque, lauréate de prix prestigieux, a posé de précieux jalons pour celles qui suivraient ses traces.

 
 

 

Sir Robert Laird Borden de Robert Craig Brown. Dans la mémoire collective des Canadiens, le huitième premier ministre du Canada subit injustement l’aura qui entoure quelques-uns de ses prédécesseurs et successeurs auréolés d’une célébrité quasi immuable. Exploitant sa parfaite maîtrise de l’art de la biographie, l’historien Robert Craig Brown redonne à Borden ses lettres de noblesse. Profitant de sources considérables et diversifiées, l’historien présente l’homme, l’avocat, le député, le chef imperturbable d’un parti désorganisé et le premier ministre qui, lors de la Grande Guerre, affronta l’une des pires crises politiques et sociales de l’histoire canadienne. Ses politiques ne furent pas toutes des plus avisées puisque l’imposition de la conscription militaire divisa alors le pays comme jamais auparavant. À la fin de la guerre, son rôle clé dans l’émancipation du Canada au sein de l’Empire britannique sera salué comme sa contribution la plus remarquable.

 
 

 

Emily Carr de Maria Tippett. Cette biographie, appuyée sur des sources nombreuses et diversifiées, révèle les grands paramètres de la vie riche et étonnante de rebondissements de la peintre canadienne la plus importante du pays. La plus célèbre des artistes non autochtones de l’Ouest canadien fut aussi professeure d’art et auteure. Puisant au sein de sa formation aussi pointue qu’exigeante et à l’inspiration puissante de quelques maîtres, Carr développa au cours de la deuxième décennie du xxe siècle un style personnel qui la distinguera. Elle introduisit le modernisme sur la côte Ouest du pays et en profita, par ses tableaux et ses nouvelles, à faire connaître la culture des Premières Nations. Ses peintures des forêts du littoral de la Colombie-Britannique et des mâts totémiques et villages autochtones de l’endroit marquèrent l’imaginaire des Canadiens.